"Pourquoi être heureux quand on peut-être normal?"

Publié le par Prithivie

« J’entends souvent des voix. Je sais bien qu’avec cette déclaration, on aura tôt fait de me ranger dans la catégorie des folles mais je m’en moque un peu. Si vous croyez comme moi que l’esprit cherche toujours à se guérir et que la psyché préfère la cohérence à la désintégration, alors on peut facilement en conclure que l’esprit fera tout le nécessaire pour mener à bien sa mission.index

De nos jours, on imagine que les gens qui entendent des voix commettent des actes terribles; les meurtriers et les psychopathes entendent des voix, tout comme les fanatiques religieux et les auteurs d’attentats-suicides. Autrefois, en revanche, ces voix étaient respectables-convoitées. Le visionnaire et le prophète, le chaman et la sage-femme. Et le poète bien-sûr. Entendre des voix peut-être une bonne chose. La folie est le début d’un processus. Elle n’est pas censée en être le résultat final.

Ronnie Laing, médecin psychothérapeute, très prisé dans les années 60 et 70, a mis la folie à la mode en comprenant qu’envisagée en tant que processus, elle pouvait mener quelque part. Mais elle est si effroyable pour la personne qui en est victime comme pour l’entourage que les seules issues sont chimiques ou hospitalières.

Sans parler de notre baromètre de la folie, qui évolue sans cesse. Il se pourrait d’ailleurs que nous n’ayons jamais été aussi peu tolérants envers la folie. Elle n’a pas sa place dans nos sociétés. Nous n’avons absolument pas de temps à lui consacrer. Devenir fou prend du temps. Recouvrer une santé mentale prend du temps. »

 

Extrait du roman biographique « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? » Jeannette Winterson

Publié dans Maladie psychique

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